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cieux, est nu, et son diamètre est de 5 millimètres.

La machine réceptrice est identique à la génératrice, et comme elle, excitée à part, au moyen de machines à basse tension, qu’elle met en mouvement par deux courroies.

Au moment du démarrage, le champ magnétique de la réceptrice est excité par des accumulateurs, que l’on supprime dès que la vitesse normale est obtenue.

Les machines à lumière électrique sont du type Gramme, et construites par M. Breguet, pour donner chacune 110 volts et 250 ampères.

La marche des machines, grâce à l’emploi d’un rhéostat liquide, à circulation d’eau, est d’une régularité irréprochable, et leur conduite peut être confiée à de simples ouvriers, installés à demeure, l’un à la turbine, l’autre à la réceptrice. La durée de la marche, qui dans les premiers temps était de dix heures par jour (cinq heures dans la journée pour charger les accumulateurs, cinq heures le soir pour l’éclairage direct sans le secours de ceux-ci), a été réduite à six heures.

Le préposé à la turbine est soumis au même genre de vie qu’un gardien de phare. Il doit, dans la mauvaise saison, s’approvisionner de vivres, pour une semaine au moins, et se trouver isolé de toutes communications avec l’extérieur. Il est, d’ailleurs, dans un site absolument sauvage, et n’a, en cas d’avarie, aucun secours à attendre que de lui-même.

C’est également pour produire un éclairage électrique au moyen de la force d’une chute d’eau transportée à distance, qu’une usine a été créée en France, près de la ville de Châteaulin, dans le département du Finistère.

L’inauguration de cette intéressante installation mécanique, a été faite le 20 mars 1887. L’usine est placée à environ 2 kilomètres et demi de la ville, sur le canal de Nantes à Brest, près d’une écluse, où existe une chute d’eau, de 1m,30 de hauteur. La force motrice est fournie par une turbine, de la force de 45 chevaux. Une machine dynamo alimente directement les lampes électriques, par des câbles en cuivre, de 12 millimètres de diamètre, d’une longueur de 1 900 mètres. Ces câbles aboutissent à des conducteurs de distribution, dont la longueur totale est de 6 kilomètres. Les fils sont aériens. Les installations intérieures sont faites avec des câbles environnés de plomb.

La machine dynamo est arrêtée à minuit, heure à laquelle cesse l’éclairage public. À partir de ce moment, le courant est fourni aux lampes des abonnés qui désirent encore s’éclairer, par une batterie de 60 accumulateurs.

L’éclairage public comprend 35 lanternes, de la valeur de 10, 20, 30 et 50 bougies, qui fournissent à l’éclairage des quais, des ponts, des rues et des places publiques. Un certain nombre sont placés dans la mairie, l’église, les halles, les cafés, les hôtels, les magasins et quelques maisons particulières.

La ville a traité à forfait avec les directeurs de l’usine, pour une somme de 1 600 francs par an. Les abonnés payent leur lumière à raison de 3 francs 50 par lampe et par mois. L’entreprise est entre les mains d’une petite société locale, dont le capital est de 80 000 francs.

La station de Châteaulin a été exécutée suivant le système adopté par M. E. Lamy, pour diverses autres villes où il a déjà établi la lumière électrique. Elle montre les avantages que présente l’électricité pour l’éclairage des petites villes où il n’existe pas d’usine à gaz, et où l’on peut disposer d’une force hydraulique pouvant être aménagée pour cet usage.

M. Lamy a déjà obtenu des concessions