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et l’on fait aboutir leurs courants à de fortes barres de cuivre, d’où partent les conducteurs principaux, puis les conducteurs secondaires qui leur sont soudés. Il faut, toutefois, pour se contenter de ce mode de distribution générale, que les espaces à éclairer soient peu distants des machines dynamos. Pour l’éclairage de grandes étendues, comme une ville ou un vaste chantier, il faut des circuits distincts, alimentés chacun par une machine à vapeur spéciale.

Les conducteurs de cuivre, isolés comme nous l’avons indiqué dans le chapitre précédent, sont établis dans des gouttières de bois, ou de béton, enfouies sous le sol des rues. Ils amènent le courant aux lampes, qui sont disposées, de toutes manières, par unités ou par groupes, formant des luminaires séparés, ou des lustres. Dans le support des lampes ou des lustres, est une boîte, où aboutissent les fils ; elle est munie d’une clef, que l’on tourne à la main, pour allumer ou éteindre la lampe. Il y a, en outre, dans chaque circuit, un des coupe-circuits que nous avons représentés plus haut (pages 436 et 437) muni de son fil de plomb, lequel, en cas d’excès de courant, fond, et interrompt le passage de l’électricité.

Les usines à courants alternatifs sont disposées comme celles à courants continus. Mais une découverte importante, celle des transformateurs, a permis de rendre plus économique et plus pratique l’emploi des courants alternatifs.

Les courants alternatifs sont d’une grande puissance, mais ils ne pourraient se prêter à l’alimentation de toutes les lampes différant de volume, ou à l’alimentation simultanée des lampes à arc et à celles à incandescence. L’appareil nommé transformateur par les inventeurs, parmi lesquels il faut citer MM. Gaulard et Gibbs, Gramme, Jablochkoff, Cabanellas, etc., ont pour effet de modifier les propriétés de ce courant quant à son intensité, et de permettre de le diviser, pour le distribuer à des groupes différents de lampes.

Un transformateur se compose, en principe, d’une bobine d’induction de Ruhmkorff, dont le fil primaire est parcouru par les courants alternatifs venant de l’usine. En parcourant les sphères de la bobine de Ruhmkorff, les courants alternatifs développent, dans le fil secondaire de la bobine, des courants d’induction, lesquels sont susceptibles de se diviser, si l’on extrait un nombre plus ou moins grand de couples de l’appareil transformateur. L’éclairage peut prendre ainsi toutes les variations d’intensité que l’on désire.

Nous représentons, dans la figure 360, le transformateur de MM. Gaulard et Gibbs, le premier en date de ces appareils, qui fut présenté, en 1883, à l’Exposition de Londres, et en 1884, à celle de Paris. Il se compose de quatre colonnes verticales, en bois, reposant sur un socle, également en bois. Entre ces colonnes, se dresse une série de cylindres, composés d’un grand nombre de rondelles de cuivre, de 9 centimètres de diamètre intérieur, et excessivement minces. Ce système est destiné à produire l’effet de la bobine d’induction de Ruhmkorff. À cet effet, chaque disque est percé, au centre, d’un trou, de 2 centimètres de diamètre, et il porte une fente, en forme de rayon. Aux deux extrémités de chaque fente, le disque est relié aux deux disques placés au-dessus et au-dessous de lui, et cette liaison fait de l’ensemble une spirale de cuivre en forme de ruban, qui parcourt les circuits alternatifs. Entre les deux disques, il y a un troisième disque intercalé, et la réunion de ce dernier système fournit une seconde spirale insérée dans la première, mais isolée d’elle par un vernis qui couvre ses deux faces. Les disques sont, en outre, séparés les uns des autres, par des feuilles de papier-parchemin.