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aujourd’hui, extrêmement rares. Il est bon, toutefois, que le public en soit averti. Les poêles à combustion lente ont pris partout une extension immense, contre laquelle ne prévaudront pas les inconvénients qu’on leur reproche. Le mieux donc est d’essayer de diminuer leurs dangers, en les signalant au public, afin que constructeurs et architectes les évitent, et que, d’un autre côté, les consommateurs observent les précautions dont l’oubli peut mettre leur vie en péril.

Fig. 400. — Coupe du poêle roulant de Choubersky.

C, couvercle mobile. — S, gorge remplie de sable fin, produisant l’occlusion. — M, manivelle, pour le transport du poêle. — R, roulettes. — AT, cylindre intérieur en tôle, recevant la chaleur, entouré d’une enveloppe extérieure, P. — F, partie du cylindre composant le foyer, et qui est en fonte. — U, manivelle pour agiter le coudrier et activer la combustion. — G, grille. — BE. tuyau d’échappement des gaz provenant de la combustion. — T, trous pour l’échappement desdits gaz. — O, valve obturatrice du tuyau, EB.

À ce point de vue, il est très important de connaître les détails de la discussion qui eut lieu à l’Académie de médecine de Paris, en 1889, et dans laquelle la question des dangers des poêles mobiles fut longuement agitée.

C’est le Dr Lancereaux qui mit le premier ce sujet sur le tapis, dans une communication faite à l’Académie de médecine, le 5 février 1889, où il énumérait les dangers qui résultent, dans certaines circonstances, de l’usage des poêles mobiles, à combustion lente.

Dans toute combustion, il se forme, entre autres produits, du gaz acide carbonique et du gaz oxyde de carbone et comme nous l’avons dit plus haut, toutes les fois que l’acide carbonique passe sur un excès de charbon incandescent, il se tranforme partiellement en oxyde de carbone. Or, l’oxyde de carbone est un poison violent. À dose un peu forte, il tue sans retour ; à dose faible, il tue encore, dans un temps plus ou moins long, mais on ne peut échapper à son action délétère ; à dose extrêmement minime, il est encore dangereux à respirer, parce que ses effets, devenus chroniques, se traduisent par une anémie et des accidents nerveux dont on recherche souvent la cause ailleurs.

Les poêles à combustion lente réalisent cette condition, c’est-à-dire mettent en présence l’acide carbonique avec un excès de charbon : d’où résulte nécessairement la production de gaz oxyde de carbone.

Dans sa communication à l’Académie de médecine, le Dr Lancereaux commençait par rapporter trois cas d’empoisonnement graves, observés par lui, dans sa clientèle, et causés par les poêles mobiles ; puis, il abordait la question fondamentale, à savoir la cause de ces accidents.

« Tous, les poêles mobiles, dit le Dr Lancereaux, ont pour but de donner une combustion lente, continue et d’être transpor-