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environ. La plateforme n’est qu’un simple promenoir, d’une longueur de 150 mètres et d’une largeur de 2m,60, mais du haut de cet observatoire la vue est splendide ; c’est Paris tout entier, avec son enceinte immense, ses monuments, ses avenues, ses grandes places, et les sillons de ses grandes rues. Là toutes les hauteurs s’aplanissent. On voit le Trocadéro tomber au niveau de la Seine, et le Mont-Valérien s’affaisser dans la plaine. Les collines de Montmartre seules produisent comme une tache blanche à l’extrémité de l’horizon. Versailles, avec ses longues avenues, apparaît au loin. C’est comme une ascension en ballon captif. Les objets apparaissent, en effet, avec des dimensions les plus réduites. Les hommes sont comme des mouches, et les édifices ressemblent aux petites maisons de bois qui servent de jouets aux enfants.

L’esprit s’exalte à ce spectacle ; la pensée se transforme et s’agrandit. On voit sous ses pieds la fourmilière humaine. Les dômes et les toits des édifices du Champ de Mars, conservés après l’Exposition, brillent comme des points étincelants au soleil. Les lignes des allées, des chemins, des passerelles et des ponts, ainsi que la Seine, se détachent en blanc sur le fond du tableau, qu’égayent les tons heureux de la végétation environnante.

Mais ne nous attardons pas en si beau chemin. Montons encore : Excelsior !

Ici, quelle que soit la bonne volonté du touriste, il n’y a plus possibilité, pour lui, de se servir de ses jambes, s’il veut continuer sa montée ; il faut qu’il prenne l’ascenseur. Encore faudra-t-il, à moitié chemin, qu’il effectue un transbordement de cabine.

Faisons remarquer que rien n’empêcherait de monter par l’escalier qui existe à l’intérieur de la colonne. Seulement, cet escalier, fort étroit, ne pourrait livrer passage à plus d’une personne, et dès lors, il ne suffirait pas. C’est donc à l’ascenseur qu’il faut avoir recours.

Cet ascenseur est d’un système tout particulier, imaginé par M. Édoux, à qui l’on doit la plupart des appareils d’élévation en usage dans les maisons et hôtels. Il assure une sécurité absolue. Il se compose de deux cabines reliées par des câbles : l’une des cabines effectue le transport depuis la seconde plate-forme jusqu’à un plancher intermédiaire construit à cet effet ; l’autre cabine élève les fardeaux depuis le plancher intermédiaire jusqu’au troisième étage.

Ce plancher intermédiaire, disposé à mi-hauteur entre le second étage et la plateforme supérieure, est le point de départ de l’ascenseur Édoux, c’est-à-dire d’un ascenseur hydraulique vertical à piston plongeur, analogue à celui du Trocadéro, dont la cabine est disposée sur l’extrémité de ce piston. Cette cabine effectue le transport jusqu’à la plate-forme supérieure, soit une course de 80 mètres.

Elle est reliée par des câbles à une deuxième qui forme contrepoids, et qui effectuera le transport des voyageurs du deuxième étage jusqu’à ce plancher intermédiaire, sur une hauteur égale de 80 mètres ; de manière qu’à l’aide de ces deux cabines, voyageant en sens contraire, et par un simple transbordement à mi-hauteur, on effectue une course totale de 160 mètres.

Le guidage de l’ascenseur est constitué par une poutre-caisson, occupant le centre de la tour, d’une hauteur de 160m,40, et par deux autres poutres de section plus petite, l’une, à gauche, allant du second étage au plancher intermédiaire, et l’autre, à droite, allant de ce dernier plancher au sommet de la tour.

La première cabine est portée par deux pistons de presse hydraulique de 0m,32 de diamètre, donnant ensemble une section de 1 600 centimètres carrés, et se déplaçant dans des cylindres en acier de 0m,38 de diamètre. Ces deux pistons sont articulés à leur partie supérieure sur un palonnier, dont le mi-