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temps de vous retourner et de voir venir. Gardez donc pour vous vos trouvailles. Tâchez de ressembler à Fresnel, qui faisait des expériences très délicates sur la lumière avec des appareils dits à la ficelle. Ne vous pressez pas, allez doucement, à pas comptés. Un jour arrivera, peut-être un peu tard, où l’on fera quelque part un coup d’éclat dans le champ de l’acoustique, qui ne donne rien depuis vingt ans. Alors, vous remonterez sur l’eau, et le succès viendra, si vous l’avez mérité. »

Fig. 468. — Léon Scott.

Ainsi parla le docte personnage, qui semblait entrevoir, dans les limbes de l’avenir, la découverte d’Edison. Léon Scott le remercia avec effusion de ses conseils et il se retira.

Les questions ont leur heure, avait dit le physicien philosophe. L’heure du phonautographe devait venir ! Ce fut le jour où Edison, complétant la découverte de Léon Scott, fit répéter par l’instrument les ondulations sonores inscrites sur sa surface !

Sur le bruit de la découverte de Léon Scott, un constructeur d’instruments de physique, de Kœnigsberg, qui se consacrait spécialement à l’acoustique, Rudolph Kœnig, s’offrit à construire l’appareil, et à l’exploiter en commun avec l’inventeur. Un traité fut conclu entre eux, le 30 avril 1859.

Voici un extrait de cet acte d’association :

Au commencement de février 1859, M. Rudolph Kœnig, constructeur d’instruments d’acoustique, s’est mis en rapport avec M. Scott, et lui a offert de lui venir en aide, pour l’exploitation de son invention. Il s’est engagé à construire les appareils fondés sur ledit procédé. M. Scott a accepté la proposition de M. Kœnig. En conséquence, l’appareil rudimentaire construit par les soins de M. Scott, a été transporté, avec ses accessoires, dans l’établissement de M. Kœnig. La composition du noir de fumée convenable, la nature du style flexible et les moyens de fixation employés par M. Scott, ont été communiqués à M. Kœnig. Ces messieurs ont expérimenté ensemble, et M. Scott a reconnu en M. Kœnig le talent de constructeur, les connaissances en acoustique et en facture, ainsi que l’adresse expérimentale indispensables pour la bonne exploitation scientifique et industrielle de la découverte que M. Scott a appelé phonautographie. M. Kœnig a construit aujourd’hui un appareil destiné aux expérimentations publiques.

En conséquence de ce qui précède, M. Scott, titulaire du brevet n° 31470, reconnaît à M. Kœnig le droit exclusif de construire et délivrer au commerce l’appareil pour écrire les sons de l’air et tous autres fondés sur l’un des moyens brevetés par lui. »

Voici les moyens brevetés par Léon Scott, dans un certificat d’addition au brevet de 1857, et qui porte la date du 29 juillet 1859 : 1° le cylindre et son mouvement ; 2° le chronomètre et son support ; 3° le diapason pointeur et son support ; 4° la membrane et son appareil de tension ; 5° le style souple ; 6° la cuve et son support ; 7° la lampe fumeuse et le noir spécial ; 8° la fixation des épreuves.