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comptait et existait en ce moment, et c’était : Alexandre.

— Il dit à son père qu’il m’épousera même sans son consentement ; toutefois, il ne désespère pas de l’obtenir.

— Te dit-il ce que son père lui a écrit ?

— Il m’a envoyé sa lettre et sa réponse.

— C’est de cette lettre là que je désire connaître le contenu, celle de son père.

— Il n’y a pas de mystère. Il dit à Alexandre qu’il s’oppose à ses projets de mariage avec Laure Lavoise, comme vous, il ne donne à son fils aucune raison.

Le pauvre visage ridé s’était tiré encore davantage, à faire craindre une minute que la vie n’abandonnât ce corps qui paraissait tellement usé. Ce ne fut qu’une faiblesse passagère, presqu’aussitôt, elle regarda sa fille en face :

— Puisque le père d’Alexandre, comme moi, s’oppose à votre mariage, pourquoi ne pas abandonner tout de suite ce dessein ? Tu pourrais être aimée par quelqu’un autre, voyons. Le désires-tu toujours autant ce mariage ? Toi, une Lavoise, entrerais-tu en intruse dans cette famille Daubourge qui te repousse ? Tu les vaux bien. Ça je puis te le dire.

— Maman, je ne sais pas ce que je ferais. Il me serait dur de n’être pas acceptée par la famille de mon mari. Mais j’aime Alexandre. Avez-vous jamais aimé ?

La mère et la fille se regardèrent jusqu’au fond de l’âme. Sans une parole, Laure comprit que sa