Page:Finot - La Marche à la lumière, Bodhicaryavatara, poème sanskrit de Cantideva.djvu/118

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95-96. Puisque nous avons tous un égal besoin d’être heureux, par quel privilège serais-je l’objet unique de mes efforts vers le bonheur ? Et puisque nous redoutons tous le danger et la souffrance, par quel privilège aurais-je droit à être protégé, moi seul et non les autres ?

97. « Leur douleur ne m’atteint pas ! » — Est-ce une raison pour ne pas les défendre ? Les souffrances du corps à venir ne m’atteignent pas non plus : pourquoi donc l’en garantir ?

98. « C’est que, dans ce cas, il s’agit encore de moi ! » — Erreur : autre celui qui meurt, autre celui qui renaît.

99. « C’est à celui qui souffre de se défendre contre la souffrance ! » — Cependant la douleur du pied n’est pas celle de la main : pourquoi la main protège-t-elle le pied ?

100. « Illogisme peut-être, mais qui procède du sentiment de la personnalité ! » — Tout illogisme doit être, autant que possible, éliminé, chez nous-mêmes ou chez les autres.

101. « Enchaînement » et « groupement » sont des fictions comme « assemblée » ou « armée ». Il n’y a pas de sujet de la douleur : qui donc pourrait avoir sa douleur ?

102. Toutes les douleurs sans distinction sont impersonnelles : il faut les combattre en tant que douleur. Pourquoi des restrictions ?