Page:Finot - La Marche à la lumière, Bodhicaryavatara, poème sanskrit de Cantideva.djvu/119

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103. « Mais, s’il n’existe pas d’être souffrant, pourquoi combattre la souffrance ? » — Parce que tout le monde est unanime à cet égard. Si elle doit être combattue, qu’elle le soit partout ! Si elle ne doit pas l’être, qu’elle ne le soit nulle part, pas plus chez moi que chez autrui !

104. « Mais, puisque la compassion entraîne de grandes souffrances, pourquoi les provoquer par ses propres efforts ? » — À considérer les souffrances du monde, peut-on dire que celles de la compassion soient grandes ?

105. Si la souffrance d’un grand nombre cesse par la souffrance d’un seul, celui-ci doit la provoquer par compassion pour autrui et pour lui-même.

106. C’est pourquoi Supushpačandra, bien que sachant d’avance ce qu’il aurait à endurer de la part du roi, ne voulut pas s’épargner cette souffrance au prix de la perte de tant de malheureux53.

107. Ayant ainsi cultivé leurs pensées, mettant leur joie à calmer la douleur d’autrui, les Bodhisattvas plongent dans l’enfer comme des cygnes dans une touffe de lotus.

108. La délivrance des créatures est pour eux un océan de joie qui noie tout : à quoi bon une insipide délivrance ?

109. Si vous faites quelque chose dans l’intérêt d’autrui, pas d’orgueil ! pas de complaisance ! pas