Page:Finot - La Marche à la lumière, Bodhicaryavatara, poème sanskrit de Cantideva.djvu/130

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174. À mesure que tu prends soin de ton corps, il s’amollit et déchoit.

175. Et même ainsi déchu, la terre entière ne suffirait pas à satisfaire sa convoitise. Qui donc voudrait faire sa volonté ?

176. Qui désire l’impossible récolte la peine et la désillusion ; mais celui qui est sans espérance jouit d’une inaltérable félicité.

177. Donc il ne faut pas donner libre cours à la croissance des désirs du corps. Cela seul est bon qui n’apparaît pas comme désirable.

178. Le corps ! Figure impure et horrible, qui a pour conclusion et pour fin la cendre, qui est inerte et qu’un autre fait mouvoir : pourquoi y attacher la notion du « mien » ?

179. À quoi bon cette machine, vivante ou morte ? Quelle différence entre elle et une motte de terre ? Ô sentiment du moi, comment ne meurs-tu pas ?

180. Ma frivole partialité pour mon corps ne m’a valu que des souffrances. Il est cependant aussi peu qu’une souche : qu’importe son affection ou sa haine ?

181. Protégé par moi ou dévoré par les vautours, il ne m’aime ni ne les hait. Pourquoi mettrais-je en lui mon affection ?

182. Je m’irrite quand il est maltraité ; je suis heureux des honneurs qu’on lui rend. Mais puis-