Page:Finot - La Marche à la lumière, Bodhicaryavatara, poème sanskrit de Cantideva.djvu/145

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92. Si la douleur n’apparaît pas en présence d’une cause contraire, n’en résulte-t-il pas que ce qu’on appelle « sensation » n’est qu’un parti pris de l’imagination ?

93. C’est pourquoi la présente critique est développée comme l’antidote de ce parti pris. Car les yogins ont pour unique aliment les contemplations nées dans le champ de l’imagination.

94. [La sensation étant définie comme un effet du contact], si l’organe et son objet sont séparés par un intervalle, comment entreraient-ils en contact ? Et s’ils n’ont aucun intervalle, ils forment une unité : comment parler de conjonction ?

95. Il ne peut s’agir d’une pénétration de l’atome ; car l’atome, ne présentant ni vide ni inégalité, ne peut être pénétré. S’il n’y a pas pénétration, il n’y a pas mélange ; s’il n’y a pas mélange, il n’y a pas contact.

96. Comment s’opérerait le contact de ce qui est sans parties ? S’il y a des exemples d’indivisibilité dans le contact, montrez-les !

97. La conscience, étant sans forme, ne peut entrer en contact. Les corps ne le peuvent pas davantage, puisqu’ils ne sont pas réels, comme on l’a démontré.

98-99. Or en l’absence de contact, comment la sensation serait-elle possible ? Mais alors dans quel but notre effort ? D’où viendrait la souffrance et