Page:Finot - La Marche à la lumière, Bodhicaryavatara, poème sanskrit de Cantideva.djvu/22

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l’occasion nous est offerte de pratiquer la patience et d’atténuer ainsi le lourd fardeau de nos péchés. Et, comme un penseur hindou, une fois lancé, ne saurait s’arrêter qu’aux extrêmes conséquences de son raisonnement, notre « doloriste » ajoute : Mes ennemis sont donc en réalité mes bienfaiteurs ; et moi, qui ne leur offre en échange qu’une occasion de péché, je les paie de la plus noire ingratitude. En bonne justice, je devrais prendre leur place aux enfers. — Prenez-la donc ! — Non, car le monde perdrait en moi son sauveur ! (VI, 47 sqq.).

Ailleurs, il dessine en quelques traits une psychologie qui ne nous est pas étrangère (VIII, 12) :

Jaloux de son supérieur, hostile à son égal, arrogant envers son inférieur, grisé par la louange, exaspéré par la critique, quand le sot produit-il le bien ?

Voici un bel éloge de l’action :

Toute action a pour but le bonheur : elle peut le donner ou non ; mais celui dont le bonheur consiste dans l’action même, comment serait-il heureux s’il n’agit pas ?

d’excellentes règles de méthode :

Si on a entrepris une œuvre à bon escient, il ne faut pas penser à une autre : on doit d’abord l’achever en y mettant tout son cœur. De la sorte, tout sera bien fait ; autrement l’une et l’autre action seront manquées et le vice de l’inconscience prendra un nouveau développement (V, 43, 44).

Ayant d’abord vérifié sa force, qu’on entreprenne ou non :