Page:Finot - La Marche à la lumière, Bodhicaryavatara, poème sanskrit de Cantideva.djvu/54

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que ces ennemis n’aient péri sous mes yeux. Les orgueilleux poursuivent de leur colère le plus chétif adversaire ; ils ne s’endorment pas avant de l’avoir écrasé. Sur le front de bataille, ils lancent des coups terribles à des malheureux que la nature a déjà condamnés au supplice de la mort. Ils comptent pour rien la douleur des coups de flèche et de lance et ne tournent pas le dos avant d’avoir vaincu. Et moi, qui me suis levé pour vaincre mes ennemis naturels, auteurs constants de toutes mes douleurs, pourquoi m’abandonnerais-je maintenant au désespoir et à l’abattement, même à la suite de centaines de misères ?

39. On étale sur son corps comme des parures, les inutiles blessures faites par les ennemis. Comment, moi, qui me suis levé pour accomplir une grande œuvre, m’en laisserais-je détourner par les souffrances ?

40. L’esprit concentré sur leurs moyens d’existence, les pêcheurs, les parias, les laboureurs et les autres artisans endurent le chaud, le froid, toutes les misères. Comment ne les supporterais-je pas, moi aussi, pour le bien du monde ?

41. Je me suis engagé à délivrer des Passions le monde entier compris entre les dix points cardinaux. Et moi-même je n’en suis pas délivré !

42. Ignorant ma mesure, je parlais alors comme