Page:Finot - La Marche à la lumière, Bodhicaryavatara, poème sanskrit de Cantideva.djvu/79

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contact. Aveuglé par le désir, comment puis-je m’irriter de la douleur qu’il endure ?

45. Je n’aime pas ma douleur, mais j’aime la cause de ma douleur, fou que je suis ! C’est de mon péché qu’elle est née : pourquoi en vouloir à un autre ?

46. La forêt dont les feuilles sont des glaives, les vautours infernaux ont été engendrés par mes actes, et de même la douleur présente : contre qui m’irriter ?

47. Ce sont mes actes qui poussent mes persécuteurs ; c’est à cause de moi qu’ils iront en enfer. Ne suis-je pas leur meurtrier ?

48. Grâce à eux, mes nombreux péchés s’atténuent par l’exercice de la patience ; à cause de moi, ils iront dans l’enfer aux longues souffrances.

49. C’est moi qui suis leur persécuteur, ce sont eux qui sont mes bienfaiteurs ; comment, renversant les rôles, oses-tu t’irriter, cœur scélérat ?

50. Si je ne tombe pas en enfer, c’est sans doute grâce aux mérites de mes bonnes dispositions : que perdent-ils à ce que je me préserve moi-même ?

51. Si je leur rendais le mal qu’ils me font, ils ne seraient pas sauvés pour cela ; ma carrière de bodhisattva serait brisée et ces malheureux seraient perdus.

52. L’esprit immatériel ne peut jamais être