Page:Finot - La Marche à la lumière, Bodhicaryavatara, poème sanskrit de Cantideva.djvu/80

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frappé ; s’il est atteint par la douleur physique, c’est à cause de son attachement au corps.

53. Injures, paroles brutales, calomnies, tout cela ne blesse pas le corps : d’où vient ta colère, ô mon âme ?

54. Ce n’est pas la défaveur d’autrui qui me dévorera dans cette vie ou dans une autre : pourquoi donc la redouter ?

55. Parce qu’elle tarit mes profits ? Mais mes profits s’évanouiront dès cette vie, tandis que mon péché demeurera dans toute sa force.

56. Mieux vaut mourir aujourd’hui même que de traîner longtemps une vie inutile, puisque, même après avoir longtemps vécu, la douleur de la mort sera la même pour moi.

57-58. Un dormeur qui a rêvé un bonheur de cent ans, s’éveille ; un autre qui n’a rêvé qu’un bonheur d’un instant, s’éveille aussi. Quand tous deux sont éveillés, leur bonheur, n’est-ce pas, disparaît. Tel, à l’heure de la mort, celui qui a longtemps vécu et celui qui a peu vécu.

59. Après avoir gagné beaucoup, après avoir savouré de longues délices, je m’en irai nu et les mains vides, comme un homme dépouillé par les voleurs.

60. « Mais, dis-tu, grâce à mes profits, je vis, et en vivant j’use mes péchés et je gagne du mérite. » Quand on se fâche pour une question de