Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/113

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Je connais beaucoup d’hommes noirs qui ont montré un courage étonnant, dans le cours d’opérations chirurgicales subies sans anesthésie, ne bravant les douleurs horribles qui leur étreignaient le cœur que dans le but de ne pas passer pour des lâches. Comme le chirurgien demande toujours au patient s’il peut subir l’opération sans l’emploi des anesthésiques, ceux-là croiraient déroger, en reculant devant l’épreuve. Sotte bravoure peut-être, mais qui fait voir combien fière et courageuse est cette nature du noir Éthiopien, toujours prêt à tout affronter pour inspirer de lui une haute idée.

V.

HYBRIDITÉ OU MÉTISSAGE ?


Mais qu’on ne croie pas que la discussion entre le monogénisme et le polygénisme prenne fin avec la revue des caractères anatomiques ou physiologiques qui, aux yeux des savants, distinguent les races humaines les unes des autres. Au contraire, l’école anthropologique qui admet la pluralité des espèces déclare qu’elle n’attache à ces caractères qu’une importance secondaire. On connaît bien le mot d’Annibal : « Jamais on ne vaincra les Romains que dans Rome. » Eh bien ! l’intrépide Broca, se conformant au conseil du célèbre capitaine, alla, sur les traces de l’américain Morton, attaquer les unitaires dans leur principal retranchement.

Nous avons déjà mentionné cette ancienne loi physiologique de l’espèce, en vertu de laquelle on prétend que la fécondité continue, de génération en génération, n’a lieu qu’entre les individus de la même espèce. Elle a été acceptée par tous les naturalistes de l’école classique comme une vérité scientifique et de premier ordre. Les monogénistes, constatant par l’histoire que partout ou les hommes se