Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En Haïti, on trouve une vingtaine de mulâtres, docteurs en médecine de la Faculté de Paris. Ici, il y a tant de noms à citer qu’on ne saurait le faire sans excéder les bornes de cet ouvrage. Tous ont continué à faire des progrès dans les sciences médicales où tant de sens pratique et de sagacité intellectuelle sont réclamés en même temps.

Il faut surtout mentionner le Docteur Dehoux, sang-mêlé, il est vrai, réunissant les aptitudes du naturaliste et du savant à celles du médecin habile.

J’ai vu le Docteur Nemours Auguste, au Cap-Haïtien ou à Saint-Thomas, en présence des médecins étrangers les mieux réputés. Ses confrères ont toujours reconnu en lui la plus vive intelligence et une sûreté de vue supérieure soit dans le diagnostic, soit dans les indications thérapeutiques. Il tenait toujours le scalpel dans les opérations chirurgicales et plaçait souvent le dernier mot dans les grandes consultations.

Les poésies d’Ignace Nau, d’Abel Élie, de MM. Oswald Durand, Villevaleix, Arthur Simonis et tant d’autres mulâtres de talent, qu’il serait trop long d’énumérer ici, ont, à divers titres, une place distinguée dans la littérature exotique. MM. Justin Devost, Cadet Jérémie, L. Éthéart, Jules Auguste, etc., sont des prosateurs distingués, sachant tirer de la langue de Pascal et de Bossuet les plus merveilleux effets. En outre, M. Devost prépare sa licence à la Faculté de droit de Paris, et M. Éthéart est un financier. Cette littérature haïtienne est tout imprégnée de l’esprit et des aspirations de la France. Oui, de l’autre côté de l’Atlantique, sous le ciel brûlant et clair des Antilles, au pays des palmiers sveltes et des gracieux bambous, le mulâtre, libre et fier, rivalise d’adresse avec le Français même. Il tire de sa langue, si belle mais si rebelle, toutes les harmonies qu’elle révèle a ceux qui savent la plier au gré