Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/201

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avec une véritable autorité. Ce furent les Ch. Bell, les Duchenne et les Gratiolet, d’une part ; les Renan, les Guillaume de Humboldt, les Pott et les Max Müller, de l’autre.

Dans le langage il y a deux choses à considérer fort distinctes : l’émission de la parole et l’expression. Quant au premier point qui a trait au langage naturel, les physiologistes éminents qui s’en occupèrent, ne s’écartent pas sensiblement de l’opinion de Lucrèce. Ils n’ont fait que la compléter, en lui donnant un cachet scientifique que le disciple d’Épicure ne pouvait même soupçonner. Suivant eux, les mouvements du corps et des membres expriment certains besoins ou certains actes, parce qu’ils en sont les signes naturels, tels que les modifications de la physionomie qui s’accordent spontanément et simultanément avec le jeu de certains muscles du visage. Ceux-ci obéissent aux impulsions intimes qui résultent de la sensation. Les cris, les gestes, qui sont d’abord instinctivement produits, peuvent se répéter volontairement et unissent par s’adapter à la désignation des objets. Les enfants en donnent l’exemple continuel, jusqu’à ce qu’ils apprennent enfin leur langue maternelle[1].

Pour ce qui concerne l’origine du langage artificiel, c’est-à-dire la faculté de l’expression, on a imaginé pour l’expliquer, diverses hypothèses aussi valables les unes que les autres. On a tour à tour produit la théorie des onomatopées et celle des interjections. Les premières décèleraient en l’homme une tendance instinctive à imiter les sons naturels et les secondes seraient le simple effet des grandes émotions. Il est certain que ces théories, prises isolément, ne représentent pas la vraie nature des choses. Elles doivent se compléter et s’aider d’autres don-

  1. Voir Albert Lemoine, De la physionomie et de la parole.