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ture et lié au monde matériel par son enveloppe corporelle, union qui est le premier moment ou, plus clairement, la première détermination de l’être humain ! « Cet état fondamental de l’homme, si nous pouvons nous exprimer ainsi, dit-il, fait l’objet de l’anthropologie[1]. » On sent bien ici que la définition de Kant a passé de l’idéalisme transcendental de Fichte à la philosophie de l’identité absolue de Schelling, pour aboutir à l’idéalisme absolu dont la Philosophie de l’esprit de Hegel est le couronnement.

Cette enveloppe corporelle de l’esprit serait difficilement acceptée par les spiritualistes orthodoxes. Je doute fort que M. Janet ou le professeur Caro consentent jamais à lui faire une place dans leurs doctrines philosophiques ; mais c’est déjà trop s’attarder dans cette promenade à travers les entités et les quiddités. Ce dont on pourrait s’étonner à juste titre, c’est que Kant et son école ignorassent les travaux de ses savants contemporains sur l’anthropologie, telle qu’elle est constituée depuis la fin du siècle dernier. Son Anthropologie pragmatique date de l’année 1798. Or, en 1764, Daubenton avait publié son beau travail Sur les différences de positions du trou occipital dans l’homme et les animaux ; vinrent ensuite les dissertations de Camper[2] et de Sœmmering[3], la thèse inaugurale de Blumenbach[4], qui, réunies au discours de Buffon sur L’homme et les variétés humaines paru dès 1749, donnèrent à la science anthropologique une consécration suf-

  1. Diese — wann wir so sagen dürfen — Grundlage des Menschen macht den Gegenstand der Anthropologie. (Hegel, La philosophie de l’Esprit).
  2. Camper, Dissert. sur les variétés natur. de la physionomie dans les races humaines (1768).
  3. Sœmmering, Ueber die Korperliche Verschiedenheit des Negers von Europœr. 1780.
  4. Blumenbach, De generis humani varietate nativa.