Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/306

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que depuis fort peu de temps. Chose curieuse ! L’homme des temps modernes qui avait le plus de ressemblance morale avec Socrate, en tenant toujours compte des temps, l’illustre et savant Français que M. Pasteur a si heureusement caractérisé en l’appelant « un saint laïc », tout comme on pourrait appeler Socrate « un saint païen », l’éminent Littré offrait le même phénomène : de traits peu gracieux unis à la plus belle organisation intellectuelle et morale.

De tels signes peuvent-ils nous tromper ? Devons-nous fermer les yeux à la vérité pour suivre aveuglément les systèmes qui la contredisent. Jamais ! Il faudra, malgré tout, proclamer la vérité. « L’intelligence dont l’homme est doué, dirons-nous avec César Cantu, paraît capable de modifier l’encéphale et, par cet organe, les formes extérieures ; exercée dans les bornes légitimes, elle conduit à la beauté de la race blanche ; mais s’il en abuse ou la laisse engourdir, l’homme peut descendre jusqu’au Hottentot. Néanmoins, quoique abaissée à ce point, l’espèce ne perd ni sa nature, ni la possibilité de se relever. On a répété que les Nègres sont le dernier degré de l’échelle ; eh bien ! les voilà qui viennent de conquérir la liberté à Haïti, ou ils ne la pratiquent pas plus mal qu’on ne le fait en Europe. La race abyssinienne est noire aussi, mais elle a des formes d’autant plus belles qu’elle est plus éclairée[1]. »

Quand on rencontre de telles idées et qu’on se rappelle l’époque où elles furent émises pour la première fois, on est obligé d’admirer la spontanéité de l’esprit humain si vif et si pénétrant, toutes les fois que la passion ne l’aveugle pas. Cette corrélation du développement intellectuel et moral avec l’épanouissement de la beauté physique des races humaines sera, avant longtemps, une des plus belles

  1. César Cantu, Histoire universelle.