Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/388

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tion devait pénétrer dans toutes les branches de l’humanité. Par la légende des Danaïdes, il ramène l’intérêt de l’action dramatique aux origines mêmes de la nation grecque et donne a tout cet épisode un caractère hautement national et même religieux, dans la belle acception que les anciens donnaient à ce dernier mot. Ainsi, tout s’explique merveilleusement. L’idée principale du grand tragique devient claire, limpide, lumineuse ; un nouveau cachet de grandeur semble reluire sur le génie immortel d’Eschyle. Car la partie qu’on serait tenté de croire inutile au déroulement de l’action dramatique est plutôt la plus grande preuve de l’unité de conception qui fait du Prométhée enchaîné la production la plus remarquable du théâtre grec : une légende historique, philosophique et poétique, unique en son genre !

Et remarquons-le bien. Le nom même d’Io signifie, en grec, violet, couleur sombre si approchante du noir. D’ailleurs, on trouve dans le glossaire grec ιολος, avec la signification de noir. « Io, dit Ampère, un des archéologues les plus considérables de ce siècle, Io fut probablement une forme grecque d’Isis. » — On peut aussi comparer ιολος à Iolof[1], nom des habitants du Haoussa, les plus noirs et les plus beaux de l’Afrique. En supposant qu’on ne trouve pas dans l’interprétation que je donne du Prométhée enchaîné la preuve catégorique de la couleur noire des anciens Égyptiens, représentés par le noir Epaphus destiné à moissonner dans toutes les plaines que baigne le Ni], nous pouvons découvrir dans un autre drame d’Eschyle un témoignage encore plus précis du fait que je soutiens avec une conviction inébranlable.

  1. La comparaison sera d’autant plus facile que la différence du σ et de la lettre f, se concilie par la lettre intermédiaire h, qui se change tantôt en f, tantôt en s. C.f. Homo et fœmina ; le grec αλς et le latin sal.