Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/410

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tues du Boudha, comme si la race nègre avait jamais donné quelque chose à une race supérieure. Le détail de coiffure pour lequel on renversait aussi lestement et contre toute analogie, l’ordre des familles humaines, a été expliqué par un usage singulier de certains boudhistes… L’imagination minutieusement descriptive de ses sectaires a fait de lui un signalement fantastique, il est vrai, mais où la tradition a conservé les traits dominants de la race à laquelle appartenait le promulgateur du boudhisme. Il est dit positivement que le Boudha avait les cheveux bouclés, et point crépus, les lèvres roses, le nez proéminent ; en un mot, s’il y a eu un Boudha, il était beau comme l’ont été tous les fondateurs de religion ; il n’était pas plus nègre que la vierge Marie n’était une négresse, quoiqu’elle soit représentée noire comme une africaine[1] dans les anciens tableaux dont les auteurs la confondaient avec sainte Marie l’Égyptienne ; il appartenait à la race à laquelle appartiennent les brahmes, race que la conformité de sa langue et de ses traits rapproche des populations grecques et germaniques, ainsi que des autres branches de cette grande famille de peuples à laquelle nous tenons, qu’on appelle caucasique et qu’on pourrait appeler, Himalayenne[2]. »

Indignatio facit versum : Junéval avait raison. Quand on lit ces phrases où les mots semblent se précipiter sous la plume du savant littérateur, on sent à quel point il était touché dans sa dignité de Caucasien. Belle indignation, en vérité ! Mais dans la réalité, les plus magnifiques

  1. Cf. « On a trouvé dans le cimetière de Saint-Pontien un portrait noir de Marie. Quelques-uns ont cru que Salomon faisait allusion à la mère de Dieu, dans ces mots du Cantique des cantiques ? « Sum niqra, sed formosa ». Cette couleur noire donnée à Marie a été l’objet de longues dissertations. » (de Lagrèze, Pompeï, les Catacombes etl’Allaambra).
  2. J.-J. Ampère, La science et les lettres en Orient, p. 131-132.