Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/437

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positivement insoutenable, à moins qu’on ne cesse de voir dans le cerveau un organe soumis aux mêmes conditions que les autres organes dont il ne se distingue que par la spécialité de ses fonctions.

Un tel écart, contraire à tous les principes de corrélation que la science établit chaque jour d’une façon de plus en plus caractéristique, devrait s’appuyer d’une justification que nous ne trouvons nulle part. Pour l’accepter, il faudrait renverser toutes les acquisitions de la science expérimentale et revenir aux anciennes conceptions métaphysiques. Mais dans ce dernier cas, les anthropologistes se placeraient dans la plus flagrante contradiction, en ruinant leur propre doctrine. Car comment pourraient-ils jamais concilier le haut intérêt qu’ils mettent à rechercher le poids et le volume du cerveau avec une théorie qui serait la plus éclatante condamnation de ces mêmes recherches, devenues inutiles et même ridicules ?

Par bonheur, il n’est plus permis de douter que le cerveau ne soit un organe comme un autre. De même qu’un autre, il subit les effets de la loi physiologique qui veut que chaque partie du corps se développe et se transforme, selon l’usage qu’on en fait. Les plus grands maîtres de la science se sont prononcés. Ils ont généralement déclaré la parfaite similarité de conditions qui existe entre le cerveau et les autres organes, relativement à l’influence qu’y exerce la fonction. « Dans son développement anatomique, le cerveau suit la loi commune, dit Claude Bernard, c’est-à-dire qu’il devient plus volumineux quand les fonctions auxquelles il préside augmentent de puissance[1]. » Depuis longtemps, Leuret et Gratiolet[2] avaient fait la

  1. Cl. Bernard, La science expérimentale, p. 373.
  2. Leuret et Gratiolet, Anatom. comparée du système nerveux. Paris 1839-1857.