Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/50

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auteur. Le nouveau polygéniste fut fort peu tendre pour son prédécesseur. « La division adoptée par M. Virey, dit-il, ne nous paraît nullement suffisante ; elle n’est d’ailleurs fondée sur aucune considération nouvelle. Si l’auteur doit jamais réimprimer ses élucubrations, nous l’engageons à en faire disparaître le Grand Mogol qu’il assure être de race blanche, mais qui n’existe pas ; à n’y plus confondre les Papous avec les habitants de la Nouvelle- Calédonie ; et surtout à faire disparaître ce malheureux chapitre sur le libertinage qu’il en a publié comme le complément[1]. »

Il faut avouer que ce langage n’est pas absolument parlementaire, de savant à savant. C’est qu’il y avait des tendances d’esprit fort distinctes entre les deux naturalistes. Virey se croyait le devoir de lutter contre les théories du matérialisme scientifique, lequel était alors la principale forme sous laquelle se manifestait la propagande révolutionnaire, changeant d’aspect à chaque moment, mais poursuivant obstinément l’ancien régime qui s’était réfugié dans le spiritualisme à tout prix. Tout autre était Bory, de Saint-Vincent. C’était un de ces hommes qui subissaient avec peine la Restauration et désiraient tout remanier, avec des idées de liberté curieusement alliées à la légende impériale. Le savant dissimulait mal l’ancien proscrit de Maëstricht. De là son aigreur.

Disons cependant que la classification de Bory de Saint- Vincent ne repose pas plus que celle de Virey sur une considération nouvelle. Il s’est contenté de nommer espèces ce que d’autres avant lui, particulièrement Malte-Brun, avaient nommé races, en y faisant quelque augmentation. Rien de vraiment scientifique. C’est toujours

  1. Bory de Saint-Vincent, L’homme (Homo). Essai zoologique sur le genre humain, 2e édit. Paris, 1827, p. 80.