Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/500

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On pourrait citer une foule d’autres auteurs d’une importance de premier ordre, philosophes ou savants, ayant la même opinion sur l’infériorité native de la race noire et la profonde différence morale et intellectuelle qui la sépare, pour ainsi dire, de l’humanité blanche. Cette opinion se complète par une conviction non moins catégorique de la médiocrité de la race jaune et de la supériorité incontestable de la race caucasique. Mais comme les noirs et les blancs occupent les deux extrémités de l’échelle ethnologique, ce sont ceux-la qui font constamment l’objet des comparaisons anthropologiques.

En mettant de côté toute considération secondaire, il y a à se poser les questions suivantes : Comment tant d’hommes éminents, d’une indépendance d’esprit indiscutable, savants aux théories hardies ou philosophes libres-penseurs, ont-ils pu adopter cette idée étrange de l’infériorité naturelle des noirs. Cette idée n’est-elle pas reçue à l’égal d’un dogme, lorsque, au lieu de l’étayer d’une démonstration sérieuse, on se contente de l’affirmer comme s’il s’agissait d’une vérité justifiée par le sens commun et la croyance universelle ? Dans un siècle ou toutes les questions scientifiques sont étudiées, soit par la méthode expérimentale, soit par l’observation, le jugement par lequel on établit que la race noire est inférieure à toutes les autres resterait-il sans aucune autre base que la foi des auteurs qui l’avancent, pareil à ces propositions apodictiques si bien démontrées qu’elles ne souffrent point de contradiction ? C’est une chose impossible. Aucun ordre de vérité ne peut échapper aux lois de la logique ; et toutes les fois qu’on se trouve en face de ces opinions qui circulent dans le monde et obscurcissent l’intelligence, sans avoir d’autre prestige que leur vulgarisation, on doit leur refuser toute confiance comme toute importance sérieuse.

Or, malgré tous les faits considérés jusqu’ici, malgré