I.
PREMIÈRES CAUSES D’ERREUR.
Toute science subit invinciblement l’influence du temps et du milieu dans lesquels elle a été constituée : non que la vérité scientifique dépende d’un accident ou des circonstances contingentes ; mais parce que les sciences s’édifient toujours sur un ensemble de faits préalablement étudiés et desquels on tire les premiers éléments de généralisation transformés plus tard en lois, quand on a suffisamment constaté les rapports nécessaires qui en dérivent. Ces faits peuvent avoir été mal étudiés, les éléments de généralisation peuvent avoir été insuffisants ou les rapports mal appréciés ; alors la science s’établit sur des bases instables, invraies, donnant à l’erreur une telle force dans la croyance universelle, qu’elle devient pour longtemps un obstacle positif à la manifestation de la vérité. Celle-ci n’éclate enfin qu’au prix de mille travaux et exige même des dévouements qui aillent jusqu’au martyre ! On peut citer l’exemple des premières généralisations absolument hâtives, auxquelles se buta la science astronomique dans sa première période, et dont l’erreur sur le mouvement diurne a écarté pour