Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/514

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des Noirs, ils n’en étaient pas moins des hommes ; ils ont vengé l’espèce africaine de la réputation d’invalidité qu’on lui avait établie ; ils ont, au tribunal de la raison, protesté contre cette prétention de supériorité qu’affectait sur eux des maîtres qui ne les valaient pas ; puisqu’ils étaient sans humanité et qu’ils continuent à les calomnier[1]. »

Oui, on doit le répéter, de toutes les races humaines la race noire est la seule qui ait donné l’exemple d’une multitude d’hommes plongés dans la plus cruelle servitude et conservant dans leurs âmes l’énergie nécessaire pour briser leurs chaînes et les transformer en autant d’armes vengeresses du droit et de la liberté. On oublie tout cela, et systématiquement. Mais que n’oublie-t-on pas, quand l’orgueil et l’intérêt sont coalisés pour étouffer la vérité ? Pourtant il faut que cette vérité triomphe ; car elle est plus forte que les savants, plus forte que tous les préjugés.

Je crois qu’il est bien établi que le mode de comparaison qu’on a choisi pour étudier les aptitudes respectives de la race blanche et de la race noire est positivement défectueux. En effet, d’une part, on a pris les Européens dans le plus grand épanouissement de la personnalité humaine ; de l’autre, on a choisi les Éthiopiens dans la plus profonde dépression morale. Malgré tout, la race noire a prouvé que la défaveur de la situation ne l’a empêchée de couper le câble qui la rivait à une existence d’abjection et d’opprobre.

Néanmoins on avance encore que les noirs sont incapables d’aucune civilisation, qu’ils manquent de conception, de jugement et de la moralité la plus élémentaire ; tandis que l’homme blanc, exempt de superstition, a l’esprit élevé, le cœur à la hauteur de son intelligence suréminente ! Comment établir ce parallèle des races ? Les pren-

  1. Bory de Saint-Vincent, loco citato, tome II, p. 61-62.