Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/519

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une pierre noire jusqu’au temps de Mahomet. Les Phéniciens adoraient aussi une divinité sous forme d’une pierre taillé. — Le dieu d’Héliogabale était simplement une pierre noire de forme conique. — Les Grecs et les Romains adoraient les pierres levées sous le nom d’Hermès ou de Mercure. Les Thespiens possédaient une pierre grossière qu’ils regardaient comme un dieu et les Béotiens adoraient Hercule sous la même forme. Les Lapons avaient aussi Y des montagnes et des rochers sacrés[1]. »

Non-seulement ces superstitions ont eu cours dans toute l’antiquité, sans excepter les Grecs et les Romains, les deux nations les plus intelligentes qui aient figuré dans l’histoire ancienne ; non-seulement elles ont longtemps duré en Orient, puisque jusqu’à l’ère de l’hégire, c’est-à-dire au septième siècle après Jésus-Christ, les Arabes les pratiquaient encore, mais l’Europe occidentale n’a pas échappé à la règle. Malgré la propagation active de la foi chrétienne, les esprits ne s’empressèrent nullement d’abandonner des croyances consacrées par une durée immémoriale. « Dans l’Europe occidentale, dit encore Sir John Lubbock, pendant le moyen âge, le culte des pierres est souvent condamné, ce qui prouve combien il était répandu. Ainsi, Théodoric, archevêque de Canterbury, condamne le culte des pierres au VIIe siècle ; le même culte se trouve au nombre des actes du paganisme défendus par le roi Edgard, au Xe siècle, et par Canut, au XIe siècle. — Un concile tenu a Tours, en 567, ordonna aux prêtres de refuser l’entrée des églises à toutes les personnes adorant les pierres levées. Mahé constate que les registres des séances d’un concile tenu à Nantes, au VIIe siècle, parlent du culte des pierres chez les Armoricains[2]. »

  1. John Lubbock, On the origin of civilisation and primitif condition of man.
  2. John Lubboch, ibidem.