Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/525

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soutenir que la race blanche, vivant sous les parallèles les plus voisins des régions polaires, se soit trouvée dans les mêmes conditions psychologiques que la race noire, placée sous les rayons brûlants du soleil tropical, à l’égard de la première idée qu’on dût avoir de se vêtir.

Pour les uns, exposés la plus grande partie de l’année aux rigueurs d’un froid impitoyable, ce fut une question d’impérieuse nécessité que de s’abriter sous des couvertures protectrices, afin de pouvoir résister à l’engourdissement et à la mort. Avant qu’ils aient pu inventer les tissus, ils ont eu à lutter contre les animaux les plus farouches, au prix des plus grands périls ; mais dans ces luttes fabuleuses, le désir de la chair fraîche qui leur servait de nourriture ne fut pas plus intense que le besoin de ces fourrures qui les protégeaient contre la neige et les pluies de l’hiver. C’est donc poussés par l’aiguillon de la misère et par l’instinct de la conservation qu’ils ont adopté l’habitude de se couvrir. Ils ne pensaient aucunement au devoir de cacher leurs nudités !

Pour les autres, non-seulement le besoin de se vêtir n’a jamais existé, mais toutes les influences naturelles en éloignaient même le désir. Vivant dans une atmosphère qui brûle son sang à chaque fois qu’il respire, l’Africain a besoin que de tous les points de son corps l’exhalation cutanée puisse s’effectuer librement, afin de rafraîchir sa peau littéralement brûlée par les ardeurs du soleil. Le vêtement qu’il essaye d’ajuster est, en un instant, transformé en une fournaise dont la chaleur concentrée le dévore, lui fait perdre haleine et l’anéantit par le bouillonnement de tout son sang. Combien ne sera-t-il pas mieux à son aise, libre et nu, cherchant le frais sous les branches à large envergure des arbres tropicaux ! Le corps brisé, tel qu’un malade en supination, après un accès de fièvre ardente, combien ne se trouvera-t-il pas heureux, étendu à