Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/541

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Cet acte d’anthropophagie, commis par un des rois les plus remarquables du temps, suffira sans doute pour assurer aux plus incrédules que leurs ancêtres, relativement civilisés, continuèrent fort longtemps à trouver un plaisir délicieux dans la chair de leurs semblables[1]. Là même ou l’anthropophagie ne se montrait pas d’une façon évidente, chez les Européens, on rencontrait cependant la coutume barbare des sacrifices humains, qui en est le corollaire habituel. Cette pratique épouvantable de sacrifier des êtres humains dans les cérémonies religieuses ou ailleurs, s’observe d’ailleurs dans l’histoire de tous les peuples de race blanche, avec la même fréquence que dans les races prétendues inférieures.

Les sacrifices humains paraissent avoir été d’un usage régulier chez les Hébreux. L’histoire d’Abraham, résolu à sacrifier son fils Isaac pour plaire aux caprices de Jéhovah, et l’immolation de la fille de Jephté en sont des indices positifs. En Grèce, la fille d’Aristodème, roi des Messéniens, fût sacrifiée par ordre de l’oracle, pour décider les dieux en faveur de son peuple. L’histoire d’Iphigénie est encore plus célèbre. Selon quelques érudits, elle allait être immolée en deux circonstances, une fois à Aulis et l’autre en Tauride, quand la protection de Diane, d’abord, et l’apparition inopinée d’Oreste, ensuite, la sauvèrent d’une mort certaine. Suivant la version de Lucrèce, elle a été égorgée sur l’autel de Diane par l’élite des guerriers grecs :

Aulide quo pacto Triviai virginis aram
Iphianassai turparunt sanguine fœde
Ductores Danaum delicti, prima virorum[2].

  1. M. Spencer St-John, anglais de sang et de cœur, y aura-t-il réfléchi avant de jeter la pierre à ceux qu’il accuse d’infériorité, en excipant des cas sporadiques et exceptionnellement rares de cannibalisme qu’on peut leur reprocher ?
  2. Lucrèce, De naturâ rerum, liv. I, v. 78-80.