Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/593

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Le Madhi ne se figure pas le rôle qu’il joue dans les ressorts de la politique européenne, avec sa propagande religieuse et l’esprit de fanatisme qu’il inspire à ses adeptes du Soudan. À la prise de Kartoum et à la nouvelle de la mort du général Gordon, les journaux de l’Europe[1] n’ont-ils pas déclaré que, tout en reconnaissant les fautes du gouvernement britannique et la grande part de responsabilité de l’illustre M. Gladstone, le vétéran du parti libéral anglais, il fallait agir de manière à sauver le prestige de la civilisation, en venant en aide à l’égoïste Albion ? N’est-ce pas toujours la question de race qui domine en ces élans de solidarité, mais qui, édulcorée par le miel du parlementarisme, se change en question européenne, en la cause de la civilisation ? L’Angleterre a du évacuer le Soudan, car la France est occupée ailleurs ; l’Italie est plus présomptueuse que puissante ; l’Allemagne ruse ; la Russie se heurte aux frontières de l’Afghanistan : mais on est tellement contrarié, que chacun menace de reprendre l’œuvre qui s’est brisée entre les mains de l’Anglais. Aussi comprend-on bien que la théorie de l’inégalité des races humaines ait facilement trouvé dans un tel état des esprits un ensemble de raisons, un appui qui ne se dément jamais !

II.

HAUTE SITUATION, DES RACES EUROPÉENNES.


Au fond, il ne serait pas logique de faire un crime irrémissible à la race caucasique, représentée par les nations européennes, de nourrir certaines prétentions de suprématie sur le reste du monde. Dans toute leurs actions, elles sont

  1. « Que l’Occident serre les rangs ! » s’écrie M. John Lemoine dans le Journal des Débats du 10 fév. 1885. Toute la presse européenne a fait écho à cette espèce de consigne.