Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/616

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dira combien inutiles ont été tous ces subterfuges destinés à cacher la réalité. D’ores et déjà, les faits se sont manifestés avec un tel caractère d’évidence, que l’on ne saurait isoler l’élément nigritique de l’histoire contemporaine. Déjà son action, favorable ou nuisible, pèse ostensiblement dans la balance politique de l’Europe même.

Il importe donc de patienter et d’étudier mieux qu’on ne l’a fait cette importante question de l’évolution des races humaines. N’a-t-on pas été surpris, en pénétrant au fond du continent noir, de trouver une foule de choses que l’on croyait le produit exclusif de la civilisation européenne ? Ne sait-on pas aujourd’hui que les industries les plus délicates, telles que la fabrication des tissus et le travail des métaux ou brillent tous les raffinements du luxe, y sont exercées avec un goût et un talent supérieurs, malgré les moyens élémentaires dont on fait usage ? C’est bien la le génie africain, si distingué dans l’Égypte ancienne, qui avec de grossiers outils façonne les plus belles œuvres !

La plupart des langues africaines, telles que le haoussa et le kanouri, deviennent de plus en plus souples, gracieuses et grammaticales à la fois ; elles pourront bientôt produire des œuvres littéraires destinées à porter le dernier coup à d’anciens préjugés. En attendant, l’arabe est cultivé avec un grand et admirable succès par la meilleure partie de ces peuples que l’on appelle encore sauvages, en leur inventant un facies de fantaisie, le plus repoussant qu’on ait pu imaginer.

Je fermerai ce chapitre, en citant la conclusion d’une étude sur la civilisation des peuples nigritiques, faite par M. Guillien et communiquée au Congrès international des sciences ethnographiques tenu à Paris en 1878. Après avoir analysé tout ce qui a été rapporté par les voyageurs les plus compétents, tels que Caillé, Moore, Barthe, Raf-