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netteté à l’égard du résultat de la malédiction de Noé. « Cham, fils de Noé, dit-il, ayant vu son père ivre et endormi dans une posture indécente, en fit une dérision et fut maudit dans sa postérité pour cette insolence. Il eut un grand nombre d’enfants et de petits-fils qui peuplèrent l’Afrique. Pour lui, on croit qu’il demeura en Égypte[1] ; mais il n’est pas certain que les Lybiens aient eu l’intention de l’adorer sous le nom de Jupiter-Ammon[2], comme l’ont cru plusieurs mythologues…

« Il est bon d’observer, ajoute Bergier, que la prédiction de Noé s’exécute encore aujourd’hui par l’asservissement de l’Égypte sous des souverains étrangers et par l’esclavage des nègres. »

  1. « Cham est le nom de l’Égypte dans l’Écriture. » (Bouillet, Dictionn. d’hist. et de géog.). On sait, en effet, que les anciens Égyptiens se nommaient Kami ou Kemi, comme nous l’avons déjà vu dans la partie de cet ouvrage qui traite de l’ethnologie de l’Égypte ancienne.
  2. On écrit généralement Ammon du grec Ἄμμος, mais il y a une autre orthographe également grecque et d’une meilleure grécité, c’est Ἅμμος, avec l’esprit rude. En effet, la racine étant Ψάμμος venant de ψάο, l’esprit rude est nécessaire pour indiquer la suppression du ψ, représentant souvent l’aspirée φ suivie de la sifflante σ. D’ailleurs le σ est parfois le signe même de l’aspiration ; c’est surtout dans le passage d’une langue à l’autre qu’on en fait mieux la remarque, témoin le latin sal (sel) tiré du grec ἅλας ou ἅλς, ayant le même sens avec des acceptions plus étendues.

    L'orthographe Ἄμμος, où l’esprit rude, représentant l’aspiration, a été abandonné, provient sans nul doute de ce que cet esprit s’écrit rarement sur les monuments (Burnouf, Gramm. grecque). Hammon en grec, signifie « sable, arène » et serait ainsi le nom figuratif du désert lybien : mais je ne pense pas que ce soit au terrain friable et sablonneux que les indigènes aient voulu dédier un culte. Et puis, pourquoi auraient-ils eu recours à ce nom grec, si longtemps avant la conquête d’Alexandre ? Tout porte donc à croire que le culte de Hammon, qui remonte aussi haut qu’on puisse reculer dans l’histoire ancienne de l’Égypte et de la Lybie, a pour origine une légende solaire.

    Il faudrait alors, contrairement à l’opinion de Bergier, abandonner l’étymologie grecque absolument injustifiable ici, et faire venir Hammon de Cham ou ’Ham. Dans la majeure partie des langues sémiti-