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la vue ; c’est la grande quantité d’enfants nègres mêlés aux enfants blancs. Ces petites têtes crépues avec leurs dents blanches et leurs yeux brillants donnent un aspect pittoresque à l’école. Ce ne sont pas les élèves les moins intelligents et les moins précoces ni ceux dont les maîtresses se louent le moins[1]. »

Ceux mêmes qui, en dépit des faits et de l’évidence, admettent et répètent que les « Noirs sont inférieurs en intelligence aux hommes de la race caucasique » ne peuvent s’empêcher de réfléchir sur de telles remarques. Que font-ils, alors ? À côté de ces faits qui démentent leurs orgueilleuses prétentions, ils avancent des propositions arbitraires, jamais démontrées, mais dont ils tirent les conclusions les plus fantaisistes pour la justification de leur doctrine. M. Frédéric Müller, dont il faut reconnaître d’ailleurs la haute culture intellectuelle, donne un exemple éloquent de ce que j’avance ici. « L’enfant nègre, dit-il, dans les premières années de son développement, lorsqu’il ne fait que recevoir ce qu’on lui enseigne, est supérieur à l’enfant blanc ; mais dans la période de puberté, lorsqu’il s’agit d’élaborer par soi-même ce que l’on n’a fait qu’apprendre, il devient stationnaire. La facilité d’apprendre plusieurs langues étrangères, souvent plusieurs à la fois, concorde bien avec cette disposition d’esprit[2]. »

C’est une proposition positivement erronée que celle qui consiste à affirmer que, dans la période de puberté, l’intelligence du noir, jusque-là plus vive que celle du blanc, devient stationnaire. Ce n’est là qu’une question de fait. Pour en avoir l’explication, on n’a besoin de recourir à aucune psychologie transcendantale. Tout le monde le sait. L’homme n’arrive à une complète notion de sa per-

  1. Othenim d’Haussonville, À travers les États-Unis.
  2. Fr. Müller, Die allgemeine Ethnographie.