Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/672

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Au-dessus des préventions et des préjugés des savants, il y a la science ; au-dessus des erreurs systématiques des historiens, il y a l’histoire ; la philosophie est plus forte, plus convaincante que tous les philosophes. Il est bon que les faiseurs de systèmes et les fondateurs de doctrines y réfléchissent. Le monde ne reste pas stationnaire. Les nations, les races, en se coudoyant sur le théâtre de l’histoire, passent sans cesse et reviennent sur la scène avec des rôles différents ; mais dans la grande harmonie de la destinée humaine, aucun de ces rôles n’est absolument inutile. Les acteurs sont tous égaux en dignité ; dans une transformation perpétuelle, chacun prend et quitte les premières places. Cela continuera ainsi jusqu’au jour où ils pourront se suppléer indistinctement, sans effort ni froissement, dans la fonction capitale qui est de soutenir le flambeau intellectuel, qui éclaire le monde moral et immatériel comme le soleil éclaire le monde physique et matériel.

La race noire aura-t-elle un jour à jouer un rôle supérieur dans l’histoire du monde, en reprenant le flambeau qu’elle a tenu sur les bords du Nil et dont toute l’humanité s’est éclairée dans les premiers vagissements de la civilisation ? Je crois avoir prouvé que rien ne lui manque pour y parvenir. Tout indique, en effet, qu’il lui est réservé d’accomplir une nouvelle transformation d’où sortira le plus beau rayonnement du génie humain. À ses premiers pas dans la carrière de la civilisation et de la liberté, elle a donné l’exemple d’une telle précocité dans le développement de toutes les sortes d’aptitudes, que l’on a droit d’espérer en elle et d’affirmer les hautes destinées qu’elle est appelée à réaliser.

Mais, dira-t-on, elle arrive trop tard. Déjà toutes les places sont prises. La civilisation vieille d’années et de gloire n’attend plus de surprise. Edison, aux États-Unis,