Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/679

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nourrissent à l’égard des autres, on se rapprochera davantage, on s’étudiera, on apprendra à se connaître. Dieu sait quelle source de sentiments généreux et purs sera ouverte par cette nouvelle existence ! Les contrastes mêmes, examinés sans prévention, paraîtront comme autant d’attraits ; car bien appréciés, les contrastes ne se repoussent pas, ils s’appètent au contraire. Qui ne s’en aperçoit, quand, la première surprise passée, deux personnes de races différentes et nettement tranchées, s’abordent enfin, se communiquent par la parole, cette faculté exclusivement humaine ? Plus on a été frappé de la différence extérieure et physique, plus on jouit de cette découverte agréable, à savoir que le fond général de l’humanité est identique et constant, dans tous les groupes ethniques ! Selon que le degré d’instruction et le genre d’éducation seront les mêmes, les mêmes idées, les mêmes réflexions surgiront en même temps, à la vue d’un objet ou à l’audition d’un fait. De cet échange de sentiments sort et ressort la vraie fraternité parmi les hommes.

Il est certain que dans l’alliance universelle des peuples et des races, il y a et il y aura toujours des groupes avancés et des groupes arriérés. Ce qui existe, en petit, dans chaque nation doit exister tout naturellement dans la communauté des nations. Mais au lieu de diviser les hommes en races supérieures et races inférieures, on les divisera plutôt en peuples civilisés et peuples sauvages ou barbares. Parmi les civilisés même, il y aura des nations de premier ordre et des nations de dernier ordre, avec de nombreux intermédiaires. En un mot, chaque communauté nationale pourra être étudiée et reconnue inférieure ou supérieure en civilisation, quand on considère le degré de son développement sociologique comparé à l’idéal que nous nous faisons de l’état civilisé ; mais il ne sera plus question de race. Ce dernier mot implique une certaine