Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/72

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tote[1]. Mais elle était tellement contraire aux dogmes de l’Église, que l’on ne pouvait y voir qu’une erreur. Ce fut autrement grave, quand un savant de premier ordre entreprit d’en démontrer la vérité en pleine Académie. Tout le monde scientifique resta en haleine. Pendant longtemps, de 1858 à 1864, on assista tour à tour à des expériences qui semblaient apporter aux arguments des hétérogénistes un vrai cachet d’évidence, jusqu’à ce que d’autres expériences, tout aussi ingénieuses, vinssent les battre en brèche. L’académie des sciences, après une longue hésitation, adopta l’opinion de l’illustre Pasteur, sur le rapport de Coste, le savant physiologiste dont les travaux, en collaboration avec Baër, avaient fait connaître l’œuf de la femme, corroborant définitivement l’axiome physiologique de Harvey : « Omne vivum ex ovo ».

Or, c’est un fait à constater. Durant tout le cours de cette discussion célèbre dans les annales de l’Académie des sciences, l’argument de la foi catholique, de la croyance universelle, perçait à travers chaque phrase, encore bien qu’il ne fût jamais positivement employé. Non-seulement on en sentait l’influence entre les lignes, mais l’opinion publique ne la perdait pas de vue. Pour sûr, la savante corporation ne se laissa aucunement entraîner par une considération de cette nature, aussi ne fais-je que constater une coïncidence. Ceux qui ont étudié l`homme moral en M. Pasteur, savent d’ailleurs qu’il est un de ces rares savants qui ne perdent jamais de vue le rayon de la foi, malgré le culte élevé qu’ils rendent à la science. Nul ne peut dire lequel de ces deux mobiles a été le plus puissant sur son esprit, dans cette lutte ou il mit tout son cœur et toute son intelligence.

M. Georges Pouchet assistait à cette magnifique cam-

  1. De amimalium generatione.