Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/98

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On pourrait citer des centaines d’auteurs qui pensent et s’expriment comme les deux savants polygénistes, mais à quoi bon ! Ceux qui discutent ne sont pas moins éclairés sur ce fait ; et il faudrait une naïveté bien rare pour peser chaque expression comme le reflet sincère de la conviction de celui qui l’émet. Nous ne pouvons pourtant en finir avec cette question de l’influence des milieux sur la coloration de la peau, sans citer l’opinion de l’un des anthropologistes les plus compétents et qui tient actuellement la même position qu’avait acquise Broca parmi ses collègues. Je veux nommer M. Topinard. « Les variations individuelles, à coup sûr, dépendent en partie du milieu et de la santé, dit-il ; M. Broca lui-même l’admet pour certaines différences entre les sexes ; une statistique de Quetelet sur les enfants sains et malades le prouve.

« L’accroissement de la matière pigmentaire s’expliquerait par là aisément. Le système cutané, excité par le contact de l’air, de la chaleur et de la lumière, fonctionne davantage, son appareil glandulaire secrète davantage et la matière noire se dépose en plus grande abondance dans les jeunes cellules sous-épidermiques. De là, et peut- être par action réflexe sur les capsules surrénales ou le foie, l’hypersécrétion se propagerait à tout l’organisme et partout la matière colorante dérivant du sang, de la matière biliaire, ou d’ailleurs, augmenterait. — Des particularités propres à chaque race feraient que l’une deviendrait franchement noire, l’autre jaunâtre ou olivâtre ou rougeâtre. Une des objections tomberait ainsi : pourquoi les parties exposées à l’air ne sont-elles pas les seules noires ? Le phénomène inverse, un défaut d’excitation, produirait au contraire la décoloration, c’est-à-dire une sorte d’anémie comme chez les mineurs. Les Antisiens blancs du Pérou, dit d’Orbigny, habitent au pied de rochers à pic, sous des arbres gigantesques dont les branches forment