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CORRESPONDANCE

le diable cette fois ne s’en mêle. Il s’est tellement mêlé de mes affaires qu’il pourrait encore se mêler de celle-ci. À demain donc. Irons-nous prendre Phidias pour dîner ? Quel est ton avis ? Réfléchis bien d’avance à tout cela…

Ah ! dans une trentaine d’heures je me mettrai donc en route. Écoule-toi, journée ! écoule-toi, nuit longue !

Il pleut maintenant, le temps est gris, mais le soleil est dans mon âme.

Adieu, je voudrais bien remplir ces quatre petites pages mais le facteur va arriver tout à l’heure ; je m’empresse de fermer ceci et de le cacheter.

Mille amours.

À demain les vrais, demain je te toucherai. Je crois quelquefois que c’est un rêve que j’ai lu et que tu n’existes pas.


124. À LA MÊME.
Entièrement inédite.
Jeudi, 1 heure du matin, 21 août 1846.

Seul maintenant ! tout seul !… C’est un rêve. Oh qu’il est loin ce passé si récent ! Il y a des siècles entre tantôt et maintenant. Tantôt j’étais avec toi, nous étions ensemble. Notre pauvre promenade au bois ! Comme le temps était triste ! Ce soir, quand je t’ai quittée, il pleuvait. Il y avait des larmes dans l’air, le temps était sombre.

Je repense à notre dernière réunion à l’hôtel, avec ta robe de soie ouverte et la dentelle qui ser-