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DE GUSTAVE FLAUBERT.

pentait sur ta poitrine. Toute ta figure était souriante, ébahie d’amour et d’ivresse. Comme tes yeux doux brillaient !

Il y a 24 heures ; t’en souviens-tu ? Oh ! ne pouvoir rien ressaisir d’une chose passée ! Adieu, je vais me coucher et lire dans mon lit, avant de m’endormir, la lettre que tu avais écrite en m’attendant.

Adieu, adieu, mille baisers d’amour. Si tu étais là je t’en donnerais comme je t’en ai donné. J’ai encore soif de toi, je ne suis pas assouvi, va !

Adieu, adieu.


125. À LA MÊME.
En partie inédite.
Vendredi soir, minuit [21-22 août 1846].

Je t’ai écrit hier au soir un mot que je t’envoie avec cette lettre. J’avais prévenu qu’on m’avertisse du facteur ; comme je dormais encore, mon domestique a jugé convenable de n’en rien faire et le facteur qui n’avait pas de lettres à remettre est passé net devant la grille. Je comptais sur mon beau-frère qui va presque tous les jours à Rouen ; il est parti à huit heures du matin sans rien dire. Tu vois qu’il m’a été impossible de te faire arriver mon baiser d’adieu ce soir. Mais demain, quelque temps qu’il fasse, j’irai moi-même à Rouen et je porterai ceci à la poste avant onze heures, pour que tu l’aies le jour même.

Tu as dû bien t’ennuyer aujourd’hui. Comme tu as pensé à moi, n’est-ce pas ? Que la journée a