Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 1.djvu/365

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
317
DE GUSTAVE FLAUBERT.

ne t’ai pas assez remerciée. J’en étais embarrassé et tout gauche ; j’étais sot et stupide. Oh ! un baiser pour cela, un bon baiser, un long, un doux, un de ceux dont parle Montaigne (les âcres baisers de la jeunesse, longs, savoureux, gluants).

Adieu ma pauvre, ma chère adorée (tu n’aimes pas ce mot-là, tant pis ! il m’est venu sous la plume). Écris-moi, pense à moi. Je prends ta jolie tête par les deux oreilles, et j’applique ta bouche sur la mienne. Il est minuit, Je vais me coucher, que le Dieu des songes t’envoie à moi !


143. À LA MÊME.
En partie inédite.
Vendredi, 10 h. du soir [18 septembre 1846.]

Tu es une charmante femme, je finirai par t’aimer à la folie ! Merci de tes vers sur Mantes. Ils m’ont beaucoup plu ; sois-en sûre. Il y en a de beaux, ceux-ci par exemple :

« Tout semblait rayonner du bonheur de nos âmes,
La nature et le ciel confondaient leur splendeur. »
..................
Là, par un long baiser suivi d’autres sans nombre,
Nous avons commencé notre fête d’amour.


et ensuite le mouvement :

Descendons du ciel sur la terre, etc.

J’ai beaucoup ri à la description de l’auberge !

« En nous voyant entrer, l’hôte a compris d’ailleurs
Que nous ferions largesse, et, sur notre visage,
Il a lu notre amour comme un heureux présage. »