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CORRESPONDANCE

151. À LA MÊME.
Entièrement inédite.
Samedi matin, 8 h. [3 octobre 1846.]

Je vais envoyer à Rouen mon domestique porter la lettre pour Phidias, dans laquelle je lui envoie ses 2,500 francs. Je lui donnerai celle-ci ; tu l’auras ce soir. Je pense que tu es comme moi : tu aimes les nouvelles fraîches. Patiente encore un peu, ma chérie, et lis ceci : la commission s’assemble dans une douzaine de jours pour statuer de suite ce qu’il y a à faire. Je serais fort étonné si ce n’était pas notre ami qui fût chargé du travail. Donc, avant la fin du mois, j’irai passer à Paris une huitaine complète. Ce sera toujours cela, n’est-ce pas, quoique huit jours soient bien vite écoulés.

J’ai une peur atroce que mes drôles ne lambinent ; ils mettent dans cette affaire une lenteur, une incurie incroyables. Il faudra s’estimer heureux s’ils en finissent aussi vite qu’ils le disent (voilà neuf mois que ça dure, en six semaines tout aurait pu être bâclé). Ainsi, bientôt nous nous reverrons. Ce sera l’hiver ; mais nous trouverons bien tout de même un rayon de soleil pour faire une promenade au bois de Boulogne. Tu m’y montreras la petite retraite que tu y as découverte. S’il pleut, nous nous chaufferons à un grand feu, toi sur mes genoux et la tête penchée sur mon épaule. Tu vois que pendant que tu t’occupes à te tourmenter et à m’envoyer des re-