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CORRESPONDANCE

la littérature arrive à la précision de résultat d’une science exacte, c’est roide. Je t’apporterai, du reste, ce discours gouvernemental et tu verras si je m’entends à faire de l’administratif et du Crocodile.

J’ai mis de côté Delisle, les Fantômes, la pièce sur Vétheuil, etc. Ne compte pas sur les photographies. La collection n’est pas complète. Il me manque encore sept ou huit livraisons qui ne sont pas parues (je m’étais trompé parce qu’ils publient sans suivre l’ordre des numéros). Lorsque j’aurai tout, je t’apporterai tout ; ça vaudra mieux.

Adieu donc, pauvre tendrement chérie. À bientôt, dans quelques heures ton t’embrassera.


412. À LOUISE COLET.
Trouville, mardi soir, 9 heures [9 août 1853].

Je suis arrivé ici hier au soir à 7 heures et demie, très fatigué des diligences et carrioles qui m’y ont amené. Pour prendre le paquebot, il eût fallu partir de Rouen dans la nuit, à 3 heures.

Quel volume je pourrais écrire ce soir, si l’expression était aussi rapide que la pensée ! Depuis trente-six heures je navigue dans les plus vieux souvenirs de ma vie, et j’en éprouve une lassitude presque physique. Quand je suis arrivé hier, le soleil se couchait sur la mer, il était comme un grand disque de confiture de groseille. Voilà six ans qu’à la même époque de l’année j’y suis arrivé