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DE GUSTAVE FLAUBERT.

encombré par tant de notes, de lettres et de papiers que je ne m’y reconnais plus. Aussi c’est après-demain, sans faute, que je me mets à remuer tout ce fumier de ma vie. Quelles ordures je vais retrouver ! (car je n’ai jusqu’à présent brûlé aucun papier). Ce sera une longue besogne ! Mais j’y apprendrai sans doute des choses dont je ne me doute plus.

Adieu, je t’embrasse. Porte-moi donc mieux. Mille baisers. À toi.

Ton G.

443. À LOUIS BOUILHET.
[Croisset, 10 décembre (?) 1853.]

Tu as dû dîner ce soir avec ma mère, et Caroline t’aura embrassé de ma part, pauvre cher vieux. Il me fait plaisir que ta première visite rouennaise ait été celle-là. Moi, me voilà donc resté seul ici comme un roquentin, comme un ours, comme un « meschant ». Je fais un feu atroce et je n’entends que le murmure de la flamme avec les palpitations régulières de ma pendule. Le seul bruit humain que j’aie perçu depuis tantôt a été une gueulade d’hommes soûls qui ont passé tout à l’heure, en chantant. Il en va être ainsi pendant trois semaines. Je suis curieux de voir la mine que je vais faire. J’éprouverai si l’homme décidément est un animal sociable.

J’espère d’ici à ton arrivée avancer ferme la Bovary. Si ma scène d’amour n’est pas faite, elle le sera aux trois quarts. Sais-tu combien les comices (recopiés) tiennent de pages ? 23. Et j’y suis