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DE GUSTAVE FLAUBERT.

adressés ; ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il sait mon livre par cœur, qu’il en comprend toutes les intentions, il me connaît à fond. J’aurai de lui, pour la présenter au tribunal, une lettre élogieuse ; je vais aussi me faire donner des certificats sur la moralité de mon livre par les littérateurs les plus posés ; cela est important, à ce que prétend le père Sénard.

Mes actions montent, et l’on me propose d’écrire dans le Moniteur à raison de 10 sols la ligne, ce qui ferait, pour un roman comme la Bovary, environ 10 000 francs. Voilà où me mène la justice.

Que je sois condamné ou non, mon trou maintenant n’en est pas moins fait.

C’était le père Lamartine qui avait commencé les politesses, cela me surprend beaucoup, je n’aurais jamais cru que le chantre d’Elvire se passionnât pour Homais !

Il ne serait peut-être pas mal à propos que Whaal re-écrivît à Rouland, pour que ce dernier dît un mot (en sous-main) à mes juges qui sont : Dubarle, président ; Nacquart, Dupaty, Pinard, ministère public.

On parlera aux deux premiers. Restent Dupaty et Pinard ; si, par le père Lizot ou autres, on peut leur faire tenir un mot, qu’on le fasse.

Adieu, je n’arrête pas, le jour je fais des courses, et la nuit, j’écris et je corrige des épreuves.

Adieu, je t’embrasse.

Ton frère.