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DE GUSTAVE FLAUBERT.

tambour-maître… Ils économisaient jusqu’aux fanfares !

J’ai cherché sur les murs des noms d’autrefois et n’en ai pas vu un seul. J’ai regardé dans le parloir si je ne retrouvais pas les bonnes têtes d’après l’antique qui y moisissaient depuis 1815, et sous la porte du père Pelletier, s’il y avait encore ces trois pouces de vide, par où l’on voyait apparaître les bottes de M. le proviseur et de M. le censeur… Tout cela est changé, répare, bouché, gratté, disparu. Il m’a même semblé que la loge du portier ne sentait plus le bondard de Neufchâtel. Et j’ai tourné les talons, très triste.

Je t’assure que je n’ai pas eu, en voyage, devant n’importe quelle ruine, un sentiment d’antiquité plus profond. Ma jeunesse est aussi loin de moi que Romulus.

Je t’engage à lire (comme chose bien Fétide) une lettre de Béranger à Legouvé, où il lui donne des conseils sur la carrière d’homme de lettres ! C’est un morceau, sérieusement[1] !

Et toi, mon vieux, ça va-t-il ? Tâche, quand tu viendras ici, dans un bon mois, de m’apporter le deuxième acte fait. Bon courage ! marche ! Je t’embrasse.


553. À CHARLES BAUDELAIRE.
Vendredi, 14 août [1857].

Je viens d’apprendre que vous êtes poursuivi à cause de votre volume. La chose est déjà un peu

  1. Voir Correspondance de Béranger, Paris, Boiteau, 1860, tome II, p. 182-184.