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DE GUSTAVE FLAUBERT.

564. À ERNEST FEYDEAU.
[Croisset] Mardi soir [fin novembre 1857,
probablement du 24].
Aimable Neveu,

Tu es bien gentil de m’avoir envoyé de bonnes paroles dans ma détresse. Ça ne va pas encore très raide, mais ça va mieux, les douleurs névralgiques que j’avais dans la tête sont parties, l’intellect va (espérons-le) s’en ressentir.

Enfin, j’ai fini tant bien que mal mon premier chapitre, je prépare le second. J’ai entrepris une fière chose, ô mon bon, une fière chose, et il y a de quoi se casser la gueule avant d’arriver au bout. N’aie pas peur, je ne calerai pas. Sombre, farouche, désespéré, mais pas couillon. Mais pense un peu, intelligent neveu, à ce que j’ai entrepris : vouloir ressusciter toute une civilisation sur laquelle on n’a rien !

Comme c’est difficile de faire à la fois gras et rapide ! Il le faut pourtant. Dans chaque page, il doit y avoir à boire et à manger, de l’action et de la couleur.

Daigne m’entendre un peu. Voici mes plans : Bouilhet doit être ici le 10, nous avons à travailler ensemble pendant une huitaine ; j’orne la capitale de ma présence. Patience, impétueux jeune homme !

Et, sacré nom de Dieu, envoie-moi les articles que tu publies maintenant dans la Presse[1]. J’at-

  1. Voyages à travers les collections particulières de la Ville de Paris.