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CORRESPONDANCE

708. À JULES SANDEAU.
Croisset, 16 [19] janvier 1862.

J’ai une singulière requête à vous faire, mon cher ami.

Voici l’histoire :

J’ai reçu hier une lettre de Baudelaire m’invitant à solliciter votre voix pour sa candidature à l’Académie.

Or, comme je trouve insolent de vous donner, en cette matière, un conseil, je vous prie de lui donner votre voix, si vous ne l’avez déjà promise à quelqu’un.

Le candidat m’engage à vous dire « ce que je pense de lui ». Vous devez connaître ses œuvres. Quant à moi, certainement, si j’étais de l’honorable assemblée, j’aimerais à le voir assis entre Villemain et Nisard ! Quel tableau !

Faites cela ! Nommez-le ! Ce sera beau. Il paraît que Sainte-Beuve y tient.

Je ne sais rien de toutes ces choses dans mon petit trou, étant acharné à la fin de Carthage, qui aura lieu dans deux ou trois semaines ; après quoi j’irai vous serrer les deux mains.

C’est ce que je fais à distance, en vous priant de me déposer aux pieds de Mme Sandeau et de me croire, mon cher maître,

Tout à vous.