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CORRESPONDANCE

846. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, mercredi matin [avril 1866].
Mon Loulou,

Ma lettre va t’arriver au milieu des préparatifs de ta soirée. Car je sais que demain jeudi Madame donne une fête du grand monde. Auras-tu seulement le temps de lire les baisers du pauvre oncle ?

Demain je ferai des courses du matin au soir, c’est-à-dire que je me repasserai six ou sept heures de voiture, ce qui n’est ni économique ni amusant. Après quoi je dînerai chez Mme Husson. Ce soir, je vais dîner chez ma Princesse.

Et toi, pauvre chérie, ton mal de gorge est-il enfin passé ? Quand pensez-vous venir « dans la capitale » ? Comme je m’ennuie de ne pas voir ta bonne mine fraîche !

Je suis peu sorti depuis quelque temps. Je tâche d’arranger le plan de ma troisième partie et je lis un tas de choses ineptes. De sorte qu’au fond Monsieur est assez bougon et rébarbatif.

J’ai des remords à l’endroit des dames Vasse ! Mon intention est d’aller chez elles demain. Mais vraiment, à Paris, on n’a le temps de rien faire. Tu n’imagines pas la quantité de blagues que j’invente pour refuser des invitations. Autrement, je ne resterais pas un jour chez moi, et adieu la littérature.

Quand tu m’écriras, n’entrecroise plus tes lignes. Ça m’agace. Donne-moi des nouvelles de