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DE GUSTAVE FLAUBERT.

ta bonne maman et envoie-moi de longues lettres. Bavarde un peu avec

Ton pauvre vieux ganachon qui t’aime.

Embrasse pour moi ton mari et ta grand’mère, pas besoin de le dire.

Monseigneur m’écrit que Lagier[1] est à Rouen. Quel dommage que je n’y sois pas ! Je l’aurais amenée chez toi pour embellir ta soirée !!!


847. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, dimanche matin [13 mai 1866].

Je suis bien content de savoir qu’à mon retour je te trouverai à Croisset, ma chère Caro. Cela adoucira les commencements de ma solitude.

Je n’ai pas grand’chose de bien intéressant à te narrer. Voilà à peu près un mois que je n’ai écrit une ligne, étant tout occupé par la lecture des journaux de l’année 1847. J’en ai avalé, avant-hier, pendant sept heures et demie ! Il n’y a pas de travail plus abrutissant et plus irritant que celui-là ! Je touche à la fin, dieu merci !

Je voulais aller entendre Don Juan au Lyrique, mais je n’en aurai pas le temps probablement, et je reviendrai sans avoir, de tout l’hiver, mis le pied dans une salle de spectacle. J’ai passé une heure à l’Exposition ; j’y retournerai avec Mon-

  1. Suzanne Lagier, artiste dramatique et lyrique de beaucoup d’esprit. Aimée du public, son aspect plantureux contribua à la rendre populaire, surtout dans les chansons dont elle écrivit la musique.