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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Dumas et moi. Je l’ai vue hier dans Faustine, où elle a montré du chien. Vous êtes donc prévenue ; à vous de prendre vos mesures. Mon opinion est qu’elle a de l’intelligence et qu’on en peut tirer parti.

Si votre petit ingénieur a fait un vœu, et que ce vœu-là ne lui coûte pas, il a raison de le tenir ; sinon, c’est une pure niaiserie, entre nous. Où la liberté existera-t-elle, si ce n’est dans la passion ?

Eh bien, non ! De mon temps, nous ne faisions pas de vœux pareils et on était amoureux ! et crânement ! Mais tout s’associait dans un large éclectisme, et si l’on s’écartait des dames, c’était par orgueil, par défi envers soi-même, comme tour de force. Enfin, nous étions des romantiques rouges, d’un ridicule accompli, mais d’une efflorescence complète. Le peu de bon qui me reste vient de ce temps-là !


878. À GEORGE SAND.
Croisset, mardi [27 novembre 1866].

Vous êtes seule et triste là-bas, je suis de même ici. D’où cela vient-il, les accès d’humeur noire qui vous envahissent par moments ? Cela monte comme une marée, on se sent noyé, il faut fuir. Moi, je me couche sur le dos. Je ne fais rien, et le flot passe.

Mon roman va très mal pour le quart d’heure. Ajoutez à cela des morts que j’ai apprises : celle de Cormenin (un ami de vingt-cinq ans), celle de Gavarni, et puis tout le reste ; enfin, ça se pas-